Pourquoi nos parlementaires veulent nous tuer ?!

Tous les signaux sont dans le rouge : les députés français s’apprêtent à rejeter l’interdiction des pesticides tueurs-d’abeilles néonicotinoïdes sur la base d’arguments irrecevables directement dictés par les lobbies de l’agrochimie.

Les néonicotinoïdes, c’est quoi ?

Les néonicotinoïdes sont des insecticides neurotoxiques, présents sur le marché depuis 1994. Ce sont les pesticides les plus toxiques pour les abeilles mais aussi pour tous les êtres composant la biodiversité (vie aquatique, invertébrés dont les vers de terre, oiseaux, … et les êtres humains !!!).

Les néonicotinoïdes sont, selon le type de molécules, 5 000 à 10 000 fois plus toxiques que le DDT, insecticide interdit en France depuis 1972 en raison de sa nocivité sur la faune et la flore.

Les insecticides néonicotinoïdes représentent d’énormes dangers

Ces insecticides néonicotinoïdes sont utilisés depuis en 1995 en France. Voilà ce qu’on constate :

  • Mortalité des abeilles : le taux de mortalité des abeilles est passé de 5 % à 30 %, voire 40 % selon les années, ce qui représente en moyenne la disparition de 300 000 ruches par an.
  • Catastrophes sur l’environnement : contamination des cours d’eau, pollution des sols, contamination de la flore sauvage, atteinte aux abeilles mellifères et aux pollinisateurs sauvages, aux invertébrés aquatiques, aux oiseaux.
  • Désastres pour la santé humaine : selon l’EFSA (Agence européenne de sécurité des aliments), certains néonicotinoïdes « peuvent avoir une incidence sur le développement du système nerveux humain ». Une autre étude indique qu’ils peuvent avoir un effet perturbateur endocrinien notamment sur la thyroïde.
  • Insécurité de l’approvisionnement alimentaire : selon la FAO, sur les 100 espèces végétales cultivées qui fournissent 90 % des aliments mondiaux, 71 sont pollinisées par les abeilles.
  • Dégât sur l’économie française :
    En 20 ans, la production de miel en France a été divisée par trois, passant de 33 000 tonnes en 1995 à 10 000 tonnes en 2014.
    L’importation de miel représente désormais les 2/3 des 40 000 tonnes de miel consommées en France.
  • Dégât sur l’économie européenne :
    En Europe, 85 % des espèces cultivées (= la majorité des cultures fruitières, légumières, oléagineuses et protéagineuses) dépendent des insectes pollinisateurs.
    Avec la disparition des abeilles, 65 % des plantes agricoles sont menacées, soit 35 % de notre alimentation. Les cultures maraîchères et fruitières dépendent à presque 100 % des abeilles.
    80 % des plantes à fleurs dépendent de ce type d’insectes pour leur reproduction et donc pour leur survie.

REAGISSONS !!

En mars dernier, l’Assemblée Nationale en France adoptait un amendement au projet de loi « Biodiversité » (1) interdisant purement et simplement les pesticides néonicotinoïdes sur le sol français dès janvier 2016.

Pourtant, à peine arrivé au Sénat, l’amendement a été immédiatement enterré par une poignée de sénateurs de la Commission Environnement (2) qui ont rejeté en bloc les rapports de plus en plus alarmants des académies scientifiques qui tirent la sonnette d’alarme avec de plus en plus d’insistance (3).
Pollinis a bataillé et réussi à faire redéposer l’amendement : malgré une mobilisation rapide des citoyens et 280 000 messages de protestation envoyés directement sur la boîte mail des sénateurs, il a été rejeté une deuxième fois par le Sénat français – et savez-vous sur la base de quels arguments ? Quasiment mot pour mot ceux de l’agrochimie !

Les lobbies de l’agrochimie balayaient d’un revers de main méprisant les centaines d’études alarmantes produites par des laboratoires publics et indépendants du monde entier comme si elles n’avaient aucune valeur scientifique. Ils clament que leurs produits ne sont pas si dangereux que ça et accusent les agriculteurs de mal les utiliser et leur font porter le chapeau pour la mort de millions d’abeilles.
Mais que des responsables politiques, des élus de la nation censés protéger l’intérêt général reprennent en cœur les mêmes insanités… C’est insupportable !
Et ça ne veut dire qu’une seule chose : que les lobbies de l’agrochimie ont renforcé considérablement leur pression sur le Parlement français.

Que les choses soient claires une bonne fois pour toutes !

  • Contrairement à ce que l’agrochimie voudrait vous faire croire, ce n’est pas parce que les agriculteurs utiliseraient mal les produits ou ne respecteraient pas les consignes de sécurité que les néonicotinoïdes tuent les abeilles et tout ce qu’il y a dans le sol et les cours d’eau, et mettent en danger l’ensemble de la biodiversité dans le monde ! (4)
  • Contrairement à ce que l’agrochimie voudrait vous faire croire, la France, comme n’importe quel pays de l’Union européenne, peut parfaitement interdire unilatéralement la vente des pesticides néonicotinoïdes sur son territoire… ou de tout autre produit qu’elle jugerait dangereux pour l’environnement, la santé publique, ou pour sa sécurité alimentaire.
    Ce n’est qu’une question de volonté politique des élus. L’Italie l’a déjà fait chez elle, et personne n’y a trouvé à redire (5).
  • Contrairement à ce que l’agrochimie voudrait vous faire croire, les agriculteurs peuvent parfaitement se passer des néonicotinoïdes et autres pesticides tueurs d’abeilles. Leur retrait du marché n’entraînerait aucune baisse des récoltes.

 

L’agence de sécurité sanitaire américaine vient à nouveau de le démontrer pour la culture du soja (6). D’autres études menées à travers le monde, en Italie, au Canada, au Brésil et aux Etats-Unis, arrivent exactement aux mêmes conclusions sur d’autres grandes cultures comme le maïs. (7)
Les recherches prouvent en outre que, contrairement à ce que croient la plupart des gens encore aujourd’hui, les agricultures innovantes sans pesticide produisent en moyenne autant que l’agriculture chimique industrielle et qu’elles sont systématiquement plus rentables pour les fermiers qui les utilisent ! (8)

Ce que les lobbies cherchent désespérément à dissimuler, ce sont les effets néfastes et coûteux des pesticides sur la rentabilité agricole : 20% de récoltes en moins quand la pollinisation n’est plus assurée – jusqu’à 30% sur le colza ! Voilà ce que vient de montrer une étude menée sur 5 ans dans plus de 12 pays à travers le monde (9).

En quelques jours, plus de 90 000 personnes ont interpellé les députés membres de la Commission du développement durable et le gouvernement : un amendement interdisant les pesticides tueurs d’abeilles dès le 1er janvier 2017 a été adopté. Malheureusement, cette première victoire est déjà menacée ! Selon des sources fiables, le ministre de l’Agriculture fait actuellement pression sur certains députés afin qu’ils reviennent sur leur vote.

Pour donner un maximum d’impact à cette campagne de pétitions et mettre une pression déterminante sur les députés, les sénateurs et le gouvernement afin qu’ils interdisent enfin les pesticides néonicotinoïdes responsables de la mort de millions d’abeilles, aidez-nous à rallier les signatures du plus grand nombre de personnes !

L’enjeu est capital. Et pas seulement pour la France : si nous gagnons cette bataille décisive en France, il sera beaucoup plus simple d’obtenir ensuite l’interdiction des tueurs-d’abeilles au niveau européen.

Informez vos contacts et FAITES LE BUZZZZZZZZ POUR SAUVER LES ABEILLES !

http://www.agirpourlenvironnement.org/

http://neonicotinoides.agirpourlenvironnement.org/

http://www.pollinis.org/

(1) AMENDEMENT N°754 (Rect) déposé le 12 mars 2015
(2) Reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages – Examen du rapport et du texte de la commission de l’Aménagement du territoire et du développement durable au Sénat
(3) Worldwide integrated assessment on systemic pesticides
Rapport ANSES, Janvier 2015
(4) Task Force on systemic Pesticide, 2015
(5) Furlan L., Kreutzweiser D., 2014 ; Alternatives to neonicotinoid insecticides for pest control: case studies in agriculture and forestry ; Environnemental Science and Pollution Research (2015) 22:135–147
(6) EPA, Memorandum, Benefits of Neonicotinoid Seed Treatments to Soybean Production, October 3, 2014
(7) Wilde G., et al., 2007 ; Seed Treatment Effects on Early-Season Pests of Corn and on Corn Growth and Yield in the Absence of Insect Pests ; Kansas (USA)
Fournier et al., 2013 ; Les néonicotinoïdes en grande culture : pertinence agronomique et impacts environnementaux ; Québec
(8) Crowder D. W., Reganold J. P., 2015 ; Financial competitiveness of organic agriculture on a global scale : PNAS, June 16, 2015, vol. 112 no. 24
(9) Mutually beneficial pollinator diversity and crop yield outcomes in small and large farms. Lucas A. Garibaldi & al.Science, Jan 22, 2016

Article rédigé avec les contributions de http://www.agirpourlenvironnement.org/ et http://www.pollinis.org/

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